PALIX et « LES INFATIGABLES VOYAGEURS »
Publié le 14.02.2022
Lieu: Arlon
PALIX et LES INFATIGABLES VOYAGEURS
Une exposition au Palais à Arlon du 4 février au 17 avril 2022
Palix est né à Arlon en 1976. Enfant et adolescent, le dessin l’intéresse déjà. Il caricature ses professeurs ou dessine pour le journal de son école. Après son graduat en illustration à St-Luc à Liège, il travaille dans le domaine de l’illustration : affiches, décorations, étiquettes publicitaires … Il est engagé en 2003 par la presse pour la réalisation de dessins d’audiences lors de grands procès. A partir de 2007, en collaboration avec les scénaristes Jacques Herbert ou Gilles Goetghebuer, il publiera plusieurs bandes dessinées : La Marquise du Pont d’Oye, Ermesinde entre légende et vérité, Zatopek et compagnie, Les dix plus belles histoires de course à pied, Théroigne de Méricourt, Rossignol s’est arrêté de chanter. Il a parallèlement toujours poursuivi un travail de peinture « fantasmagorique » très personnel et très abouti.
L’exposition « Les infatigables voyageurs » au Palais à Arlon offre au visiteur un large éventail de son travail récent. Une grande salle avec ses peintures à l’huile, une autre avec ses croquis d’audience. A ses côtés, Palix a souhaité inviter d’autres artistes dont il apprécie le travail. On peut découvrir les sculptures de Cédric Raths et Guy Deltour, la poésie de Ludovic Gillet, les illustrations de Mathieu Drogo, les boules végétales de Murielle Honoré et Daniel Paquay et les photographies de Charles Hieronimus.
Palix, dessinateur d’audience pour la presse.
Il faut d’abord évoquer cette rencontre déterminante en janvier 2002, avec Kroll, lors d’un enregistrement à Habay de l’émission radio (La Première), « Le jeu des dictionnaires ». Presque timidement, Palix montre ses dessins à Kroll. Rapidement, celui-ci pense à une piste pour ce jeune dessinateur, le dessin d’audience, que lui-même avait un peu pratiqué quelques années auparavant.
Vingt ans plus tard, Kroll nous parle de Palix et de ce métier hors du commun.
« Il faut savoir qu’il est interdit de filmer ou prendre des photos dans les salles d’audience. Cet interdit, déjà ancien, a créé un métier, celui de dessinateur présent lors de procès qui permet à la presse de publier des illustrations en marge de leurs comptes-rendus d’audience. C’est un exercice particulier. Il faut rester des heures à écouter, dessiner, saisir des moments marquants, croquer les acteurs principaux, juges, accusés, témoins, rendre « l’ambiance »… »
« Palix est devenu le meilleur dessinateur de procès qui soit et le genre a repris une place importante dans les médias. Je trouve extraordinaire qu’aujourd’hui Palix passe en permanence de ses dessins de sales gueules de truand ou de têtes sévères de juges en toge à ses peintures à l’huile oniriques d’elfes, de lutins, de trolls, de fées belles comme en rêve. »
Ces dernières années, Palix a couvert de grands procès d’assises, notamment celui de Dutroux, de Fourniret, de l’attentat de Charlie Hebdo, du Musée juif, et actuellement, celui de Salah Abdeslam à Paris.
Palix, pour quelle presse travaillez-vous lors de ces grands procès? Vous sentez-vous journaliste?
Je couvre les grands procès sur commande d’une télévision (RTBF ou RTL généralement). La télévision commanditaire achète les droits d’utilisation des images mais les dessins restent ma propriété.
Je ne me sens pas du tout journaliste, ce n’est ni ma formation ni ma tournure d’esprit. Quand je fais un dessin, j’essaie d’être le plus objectif possible, de croquer les choses comme elles apparaissent, sans analyse de fond ni parti pris, ce que ne peut faire un journaliste.
Dans la salle d’assises, vous avez une place privilégiée, physiquement très proche des accusés.
Comment le vivez-vous ?
J’aime pouvoir découvrir le regard des gens, leurs réactions, qui soient-ils. Lors du procès Fourniret qui a duré trois mois, je n’ai pas pu croiser une seule fois son regard. Avec Salah Abdeslam, le procès que je couvre actuellement, nos regards se croisent régulièrement. La réaction de l’accusé à ma présence est déjà intéressante et souvent porteuse de sens.
Vous dites que vous dessinez avec vos yeux mais aussi avec vos oreilles. Qu’entendez-vous par là ?
Je reste attentif à tout ce qui se passe et pourrait se passer, aux mots, aux voix comme aux physionomies, expressions des visages, gestes, attitudes, tics, petits éléments visuels… Chaque dessin est un peu comme une compilation de moments, ce qu’une photo ne peut pas rendre.
Quelle ligne de conduite vous donnez-vous lors de ces grands procès où la charge émotionnelle peut être très forte ?
Je viens au procès le plus vierge possible, sans lecture préalable, et capte et rends ce qui est expliqué ou transmis au fil des heures. Je veille à respecter la règle des 3 R: Rapidité, Ressemblance, Réalisme. Je tente d’être objectif en n’étant ni trop froid, ni aspiré par l’émotion qui se dégage, de trouver le juste milieu entre émotionnel et professionnel et de rendre un peu d’humanité dans tout cela.
Aimez-vous ce métier ?
Pour faire ce métier compliqué et souvent usant, il faut être totalement passionné ! J’aime vivre ces procès en direct, sans filtre et pouvoir me faire progressivement ma propre opinion sur le fond, sans devoir porter un jugement. Il y a aussi tout ce travail d’équipe avec les médias, très sympa et captivant.
Jusqu’au 17 avril, le Palais à Arlon (ancien Palais de justice !) présente une belle série de portraits d’accusés, de victimes, de témoins, de juges ou d’avocats. Toujours ressemblants, croqués à vif, vivants, ces portraits nous plongent dans ces atmosphères typiques des cours d’assises. Les croquis de Palix nous confrontent à des attitudes et moments particuliers et nous permettent d’approcher ainsi directement, plus humainement, les divers acteurs de ces grands procès.
Techniquement, ces dessins sont réalisés à l’aide d’une tablette Ipad pro. Cela permet un travail plus rapide dans l’exécution et dans la transmission, indispensable dans ce contexte.
« Chaque jour, 15 minutes, un dessin »
Cette année, depuis le premier de l’an, Palix s’est aussi donné un nouveau défi. « Chaque jour, 15 minutes, un dessin », un dessin qu’il poste sur FB. Une série d’entre eux sont déjà visibles à l’exposition d’Arlon.
La peinture à l’huile et l’univers fantasmagorique de Palix.
Dans la grande salle du palais, on découvre cet autre beau pan du travail de l’artiste, ce travail très personnel de peinture à l’huile, un travail où le rapport au temps est bien différent, dans la durée des couches qui viennent progressivement se superposer, au fil des heures et des jours. Dans les toiles de Palix, notre regard se perd et se délecte dans un univers fantasmagorique, très relié à la nature mais une nature où elfes, fées et autres personnages fantastiques ou fantasmés viennent interagir avec le paysage. Ici, la frontière entre rêve et réalité disparait pour offrir un nouveau monde énigmatique, poétique, séduisant et intrigant, où la touche humoristique est rarement absente. Des femmes font corps avec des arbres, des poissons nagent dans les airs, des personnages surgissent des racines, sautent sur des carapaces de bestioles imaginaires, grimpent à d’impossibles échelles… Palix nous balade dans un monde de rêve/s où l’on retrouve indéniablement des liens avec un peintre comme Bosch ou Breughel, ces peintres qu’il a côtoyés, enfant, dans les ouvrages de son père.
Prenez le temps d’observer attentivement certains détails ou parties du tableau. Le geste sûr et précis du dessinateur est toujours très présent, certes, mais le travail pictural des grisailles, des glacis, des couches de peinture, des rehauts, mérite que notre œil s’y attarde plus longuement. On voit, on touche, on ressent le velouté des textures, la finesse ou l’épaisseur des matières, le rendu des perspectives et des volumes dans des nuances subtilement colorées.
Au Palais, chaque premier dimanche du mois, Palix sera présent et travaillera sur un triptyque qui évoluera au fil de l’exposition. Voilà une belle manière d’approcher la savoir-faire de l’artiste, de suivre son geste, d’accompagner un moment intermédiaire de l’œuvre et d’échanger avec le peintre-dessinateur en direct !
L’exposition est gratuite et accessible jusqu’au 17 avril, du mardi au dimanche, de 14 heures à 18 heures.
Exposition au Palais à Arlon: les « infatigables voyageurs » de Palix et ses artistes invités
C’est une magnifique exposition qui vient de s’ouvrir, au Palais, à Arlon. Jusqu’au 17 avril, Palix y présente « Infatigables voyageurs ». Un voyage à travers son univers, ses peintures à l’huile ainsi que son travail de dessinateur lors de grands procès d’assises.
PALIX coordonnées
76 rue de l’Eglise à Rossignol – 063 219519
pa.haquin@province.luxembourg.be
Atelier / salle d’exposition à Rossignol
www.palix.be
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