« NUIT » Quand Notre-Dame rencontre St-Michel…
Publié le 28.07.2021
Lieu: Neufchâteau
« NUIT » Quand Notre-Dame rencontre Saint-Michel…
Conduire un concours d’écriture dans 4 classes, en pleine année covid-19 : elles l’ont fait !
Un article rédigé par Alicia Morette du Service du Livre Luxembourgeois (Bibliothèque provinciale)
Vous souvenez-vous du projet « Eh dites donc ! » : un concours inter-écoles conduit depuis 2015 par le Service du Livre Luxembourgeois (Province de Luxembourg) ?
Ce projet transversal a pris de l’ampleur au fil des années, jusqu’au jour où un fâcheux petit virus est venu perturber cet essor. Rentrée 2020. Les extérieurs ne sont plus autorisés à entrer dans les écoles. Chacun chez soi. Résignés. Mais heureusement, quelque part entre Gaume et Famenne, deux écoles secondaires peuplées d’irréductibles élèves résistent encore et toujours à l’envahisseur.
A la barre, trois professeures de français, à l’imagination fertile et d’une incontestable ténacité, ont mis leur énergie et leur p’tit grain de folie au service d’un projet certes similaire à Eh dites Donc, mais repensé à bonne échelle, compte-tenu d’un contexte spécifique.
Les capitaines de cette traversée littéraire se nomment Magali Adam (IND Bertrix), Mélanie Marlet (IND Bertrix) et Emilie Pira (ISM Neufchâteau). Elles viennent de donner le clap de fin au projet : « NUIT, Quand Notre-Dame rencontre Saint-Michel ».
Retour avec ces trois drôles de dames, sur une expérience hors du commun.
Sortir du carcan
Tout part d’une volonté : sortir des murs. Sortir de l’école. Sortir des carcans des programmes-prisons. Sortir de la pression de l’évaluation. SORTIR !!
Et c’est aussi pour faire « sortir » les élèves d’eux-mêmes que ces trois enseignantes, liées par une sincère amitié et une vision commune de l’enseignement, se sont lancées dans ce qui n’était au début qu’un « délire sur Messenger ».
Petit à petit, l’envie croît : celle de monter quelque-chose ; un projet. Un projet propre à elles. Un exercice d’écriture impliquant leurs deux écoles, pour aboutir à un recueil collectif où les élèves des autres classes seraient tantôt écrivains, tantôt jury. L’idée était lancée.
Tour de chauffe
C’est vers leurs élèves de 5e et 6e secondaires (4 classes au total) que ces enseignantes se sont tournées pour ce périlleux exercice.
« On adore ce genre de projets, comme ceux initiés par le Service du Livre Luxembourgeois ou participer aux ateliers d’écriture qu’organisent les bibliothèques », nous confie Emilie Pira.
Mais en classe, à l’annonce de ce qui les attend, les mines des ados sont plutôt déconfites : « Au départ, les élèves n’ont pas vraiment partagé notre joie, boudant ce qui n’était à leurs yeux qu’un travail d’écriture de plus, sourit Magali Adam, mais petit à petit, les élèves se sont pris au jeu : certains se sont énormément investis et beaucoup y ont trouvé du plaisir ! »
Sur le chemin, stylo au poing
Ce projet, ils l’ont inventé, tous ensemble, et de toute pièce : chaque classe a proposé des idées de thématiques et des consignes d’écriture. Le tout a été soumis au vote. Le thème retenu sera donc la nuit ; le personnage sera un enfant et/ou aura un prénom composé ; les titres des nouvelles seront des titres de chansons, reliées à un QR code pour associer fiction et musique. Adjugé.
Restait à écrire. Pour ce faire, des échéances ont été fixées. Le 1er jet des textes anonymes fut envoyé à la lecture d’une autre classe en novembre 2020 : Saint-Michel corrigea Notre-Dame et Notre-Dame corrigea Saint-Michel. Les enseignantes, elles, veillèrent surtout au grain, pour que les commentaires, faits par des jeunes et pour des jeunes, soient bienveillants et respectueux.
Comment dire les choses honnêtement, mais sans blesser ? Comment argumenter de manière constructive ? Et inversement, comment digérer la critique potentielle ? Tout un programme.
Alors que certains se réjouissent de recevoir deux pages de commentaires, d’autres doivent se contenter d’un « Très Bien ! ». « Finalement, recevoir une brève mention très positive est plus frustrant qu’une longue liste de points à améliorer », constatent plusieurs élèves.
Tantôt juré, tantôt auteur ; tantôt évalué, tantôt évaluateur ; confronté à l’altérité, aux points de vue contraires émis par des pairs, chaque élève donne et reçoit.
Ensemble, ils expérimentent le gout de l’effort, la question de la perfectibilité. Ils testent ainsi d’autres moyens de se dépasser et, dans le même temps, ils aident les autres à y parvenir.
A l’arrivée, tous gagnants !
Hormis une évaluation formative, le travail ne fut pas sanctionnant pour la réussite de l’année scolaire. Cette pression levée, ne demeurait que le souci de bien faire ; de faire mieux.
Les 3 enseignantes ont lu (et relu !) les productions pour la forme. Sur le plan du contenu, elles posent un même constat : « Nous avons été marquées par la lourdeur des textes ; la plupart des histoires sont très sombres. C’est interpelant ».
Puis vint le moment fatidique de la sélection finale : chaque classe a dû choisir le TOP 3 d’une autre classe, pour aboutir à un recueil numérique de 12 nouvelles.
Côté élèves, tandis que pour les uns, l’heure est à la fête (bons d’achats, livres, diplômes…), pour les autres, il faut surtout faire face à la déception. « Je n’ai pas été choisi, mais vous ? Vous, Madame ? Vous avez aimé mon texte ? » interrogent des élèves non-reçus. Alors, nos trois enseignantes-infographistes-éditrices-linguistes-coordinatrices revêtent leur casquette de fines psychologues et s’affairent à gérer les amertumes, à encourager les ambitions, à faire accepter le renoncement. Parce que… « c’est ça aussi, l’apprentissage ! », conclut sagement Mélanie Marlet.
Et finalement, si ce projet était tout, SAUF un banal exercice d’écriture ?
PLUS D’INFOS :
Pour découvrir le recueil « NUIT » : CLIC RECUEIL
Pour suivre, les pages Facebook des deux écoles porteuses du projet :
o https://www.facebook.com/InstitutSaintMichel/
o https://www.facebook.com/IND-Bertrix-54856168518879
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